Le mauvais conte de Noël, ou l'histoire du vin chaud et de la badiane
[Rédaction : Dr. Nicolas Rohrbacher]
En cette période de l’année, les odeurs de vin chaud envahissent les Marchés de Noël, et tout particulièrement dans notre belle ville de Strasbourg, dont le célèbre Marché remonte au XVIe siècle !
Tous les Pytoboomers connaissent l’anis étoilé, épice emblématique de la confection du vin chaud et de son délicat parfum anisé. L’anis étoilé est couramment désigné par son autre nom, la badiane. Et c’est justement cet autre nom qui fut à l’origine d’une confusion qui aurait pu être lourde de conséquences.
Nous sommes au début de l’hiver 2001 et comme chaque année, des tonnes de mélange d’épices pour vin chaud contenant de la badiane sont vendues sous forme de sachets. Depuis quelques jours, en France, plusieurs cas d’intoxications plus ou moins graves (troubles digestifs, convulsions) sont rapportés aux centres anti-poison. Les services de santé mènent une enquête rapide et très efficace, et constatent que ce sont principalement des personnes ayant consommé du vin chaud qui sont touchés par ces symptômes.
L’étude approfondie permettra d’en trouver l’explication : suite à des ruptures d’approvisionnement en badiane de Chine Illicium verum (comestible, et traditionnellement utilisée dans la confection du vin chaud), celle-ci a été substituée par de la badiane du Japon Illicium anisatum (toxique, et non comestible).
Comment un Phytoboomer averti peut-il différencier la badiane de Chine de la badiane du Japon ? Il n’y a que très peu de confusion possible entre les fruits entiers, les deux badianes étant facilement distinguables.
En revanche, lorsque la plante est en poudre, la détection visuelle de badiane du Japon n’est pas possible. Dans ce cas, seul un laboratoire spécialisé est en mesure de mettre en œuvre une analyse chromatographique qui permettra de détecter la présence d’anisatine et ses dérivés qui sont responsables de la toxicité de la badiane du Japon.
Ces molécules sont absentes de la badiane de Chine et si leur présence est détectée dans une poudre, il est indiscutable qu’une falsification a eu lieu.
Cette affaire a conduit en 2001 à l’interdiction immédiate de la vente en France de badiane, toutes origines confondues. Cette réactivité des autorités de Santé qui permit sans nul doute d’éviter d’autres cas d’intoxication.
Mais que les amateurs de vin chaud se rassurent, la vente de badiane de Chine (uniquement) fut réautorisée en 2007 ! Plus aucun cas d’intoxication n’a été signalé depuis.
Cet exemple de la badiane permet d’attirer l’attention des Phytoboomers sur le fait que deux plantes désignées par un même nom ne sont pas forcément les mêmes ! Et vous, vous connaissez d’autres exemples de confusion possible ?
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